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Critique Film : Crying Freeman, A Cryin’ Love Cult Masterpiece !!!

J’étais chez moi, tranquille…n’arrivant pas à me décider entre lire un bon manga ou regarder un film hongkongais…

Et puis, je me suis dit : « Pourquoi pas faire les deux ?! » Alors j’ai lancé Crying Freeman.

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La 1ère fois que j’ai vu Crying Freeman, c’était lors de sa 1ère diffusion TV (étant bien trop jeune lors de sa sortie en salles).

52Je connaissais à l’époque le nom du manga éponyme dont il était tiré (œuvre signée Kazuo Koike & Ryôichi Ikegami), sans pour autant avoir eu l’occasion de le feuilleter auparavant.

Ce dont je ne me doutais cependant pas, c’est de la baffe que j’allais me manger en m’installant dans mon canapé. J’me souviens d’ailleurs que comme j’avais classe le lendemain, je n’avais pas le droit de veiller tard en semaine, du coup je faisais tourner mon magnéto (que je garde précieusement) à plein régime, pour pouvoir me mater la fin des films, tranquille le lendemain. Or, fait intéressant (enfin…c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup :mrgreen: ➡ ), pour ce film-là mes parents m’avaient exceptionnellement laissé le voir en entier, tellement le film envoyait…un détail de qualité qui ne trompe pas. 😉

Mais si j’ai choisi de vous parler de Crying Freeman pour publier cette 1ère chronique inaugurale, c’est parce qu’il s’agit certainement du film qui correspond le mieux à l’universalité d’influences que je souhaite vous faire découvrir, à travers l’ensemble des articles qui viendront étoffer ce site.

42En effet, les influences multiples, de ce coup de maître réalisé par le français Christophe Gans en 1995 (sortie en 1996), venues aussi bien d’occident que d’extrême orient, se mélangent ici parfaitement, pour donner lieu à un spectacle d’une qualité visuelle inouïe et un bonheur cinéphilique de tous les instants.

Ayant revu le film tout récemment en Blu-ray, j’ai pu constaté à quel point l’œuvre n’a absolument rien perdu de sa superbe, nous ramenant instantanément aux plus belles heures du cinéma de Hong Kong des 90’s, dont aucun cinéaste de la perle de l’orient, n’aurait renié la paternité filiale.

Si l’on se replace effectivement dans le contexte de l’époque, le cinéma de Hong Kong représentait alors l’Eldorado des cinéphiles du monde entier, tant la quantité et surtout la qualité des œuvres qu’il produisait, ne laissait personne indifférent. Faut-il préciser que l’île de Hong Kong vivait alors ses dernières années sous protectorat anglais, et s’apprêtait à être rétrocédée à la Chine à l’été 1997…

Voyant cette échéance fatidique arriver à grand pas, l’industrie cinématographique Hongkongaise en totale effervescence, a alors connu une sorte de nouvel ‘âge d’or’ entre 83 et 97, où tous les artisans du cinéma travaillaient à pied d’œuvre pour donner le meilleur d’eux-mêmes, craignant une fois ce délais passé, de se retrouver privés de leur liberté artistique.

53En tant qu’artiste/cinéphile passionné, Monsieur Gans fut naturellement fasciné par cette prodigieuse vague artistique en provenance d’Asie. (Rappelons tout de même au passage, que le réalisateur sera à l’origine fin 1996, de la création du magazine HK Orient Extrême Cinéma, et dirigera la collection HK Vidéo, qui fit découvrir bons nombres de ces perles cinématographiques d’Asie, en France).

En cela, la démarche artistique de son auteur qui transparaît sur Crying Freeman, fut non seulement d’encrer son œuvre avec la même identité visuelle que ses illustres pairs asiatiques de l’époque (on est totalement dans les 90’s), mais surtout de leur rendre un prodigieux hommage, tant sur le plan narratif (le métrage fuse comme une balle, avec une narration sans temps-mort, baignant dans une atmosphère typique de polar romantique, le tout pour une durée concise d’1h41min), visuel (ralentis, cadrage des prises de vues, palette de couleurs, décors/explosions/cascades & chorégraphies martiales), qu’identitaire (casting international, travail avec le célèbre monteur Hongkongais David Wu, dialogues en japonais & cantonais).

Pour toutes ces raisons réunies, aussi bien à l’écran qu’en hors-champ, Crying Freeman incarne, à mon sens, le plus bel hommage cinématographique qu’un réalisateur étranger (comprenez non asiatique) puisse rendre au cinéma d’extrême orient (et en particulier celui de Hong Kong), tout comme au manga, avec sa volonté initiale d’en réaliser une adaptation fidèle.

Vous remarquerez également, que je ne cherche pas à m’attarder sur les différences qu’il existe entre le support original et l’adaptation filmique… Pour ma part, lorsque adaptation il y a, d’un support quel qu’il soit, cette dernière doit, à mon humble avis, savoir s’émanciper un tant soit peu de l’œuvre originale, afin de pouvoir en livrer sa propre vision, tout en conservant ce qui fait son essence. Et c’est d’ailleurs exactement le cas ici, puisque les quelques petits détails changés sont un réel plus au film, ne trahissant nullement l’esprit du manga, et renforçant la plupart du temps, l’identité empruntée aux films made in HK. (ex spoiler : la petite vieille qui ensorcelle le Freeman, renvoyant directement à l’imagerie de ces films HK de sorcellerie et magie noire).

A noter que le Manga avait déjà fait l’objet d’une adaptation Hongkongaise en 1990, avec Simon Yam et la très belle Joey Wong au casting, mais le résultat était nettement plus convenu.

D’ailleurs, puisqu’on en vient à parler acteurs, penchons-nous maintenant un peu plus sur l’ensemble du casting.

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« Il est le Freeman… » 😎  mais pas le Morgan…dsl ➡  ➡  ➡ 

49 Mark Dacascos incarne ici à la perfection Yo Hinomura le personnage principal de l’histoire, dans la plus pure tradition des anti-héros romantiques Hongkongais, tels qu’on pouvait habituellement les croiser sous les traits de Chow Yun-Fat, Tony Leung, Andy Lau, ou encore Leslie Cheung. Tueur froid et solitaire, luttant intérieurement pour se défaire de l’emprise ‘maléfique’ d’une secte d’assassins, Yo semble paradoxalement animé d’une grande sensibilité (cette fameuse larme qu’il verse involontairement, après la mort de chacune de ses victimes) et ira ainsi à l’encontre des principes de son organisation, en épargnant Emu O’Hara (Julie Condra à l’écran), dont il tombe presque instantanément amoureux. Le lien entre les deux personnages se crée dès la scène d’ouverture et l’alchimie du couple formé à l’écran par les deux acteurs/protagonistes, fonctionne par la suite parfaitement bien. Il est également agréable et important de noter que Mark Dacascos effectue lui-même les chorégraphies martiales des combats, donnant lieu à de spectaculaires affrontements, culminant lors du climax de la superbe séquence finale.

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Le reste de la distribution, composé de notre Tchéky Karyo national, impeccable comme à son habitude, ainsi que des japonais Yoko Shimada & Masaya Kato, sans oublier l’acteur Hongkongais Byron Mann, viennent compléter ce casting international de très bonne facture.

Pour conclure, je dirais que Crying Freeman fait partie de ces films cultes, qu’on a énormément de plaisir à voir et revoir, et sur lesquels le poids des années ne semble pas avoir de prise. Crossover ultime de deux cultures chocs, le film demeure à ce jour le témoignage le plus sincère et abouti, d’une époque où le Manga et le cinéma de Hong Kong étaient au centre de toutes les attentions… Il est à ce titre, d’autant plus dommage de constater aujourd’hui qu’un tel tour de force, ne soit resté que l’acte isolé d’une poignée de gens, dans le paysage de nos occidentales contrées…

Espérons qu’un jour de nouvelles personnes animées par la même ferveur et la même passion, nous feront à nouveau découvrir des pelloches de cette trempe !!

En tout cas, Mark attend...
En tout cas, Mark attend…

Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donné envie de découvrir ou redécouvrir cette excellente bobine.

Sayonara, Bye bye !!!

2 commentaires

    • Abacabu Rônin

      Merci^^ franchement revoie-le, c’est de la pure bombe made in hk.
      David Wu, c’était le monteur attitré de John Woo en plus.
      T’as vraiment des passages qui renvoient directement à cette imagerie des polars d’heroic bloodshed de l’époque…et quand t’as pas eu l’occas’ de revoir ce genre de film depuis un moment, ça fait d’autant plus plaisir.