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Critique Film : Knock Off (Piège à Hong Kong), Van Damme Roi de la Canto-Pop !!!

J’étais en pousse-pousse, en train d’écouter ma compil’ de Faye Wong (oui j’adore Faye Wong) sur baladeur cassette (enfin disons Walkman, pour faire plus tendance) quand soudain Kaboom !!…voilà que le pousse-pousseur percute un autre pousse-pousse !! (D’ailleurs pourquoi ça s’appelle pousse-pousse, ça devrait plutôt s’appeler tire-tire vu que la personne nous tracte, on dit bien tire-fesse et pas pousse-fesse.) Bref, notre chemin pas plus tôt repris, re-Kaboom !!…voilà qu’un autre pousse-pousseur nous percute à nouveau… « C’est pas possible, Ils font la course ?! » m’écriais-je… Encore soumis aux effets gravitationnels du choc entre les deux porteurs (ah voilà, le mot que je cherchais) voilà que mon walkman se fait la malle !! Je tends naturellement le bras en gueulant comme un sourd :

THRTW
« Wei !! C’est pas bientôt fini tout ce raffut !! »

…Quand soudain ma chemise craque (ouf, tant que ce n’est pas le slip) !! Mon walkman (et par extension mon slip) sont intactes mais ma chemise est fichue… C’est dans ces moments là qu’on se dit qu’une punchline bien sentie serait appropriée. « Elle reviendra » vous lancerez certainement un Schwarzie le cigare fumant, « aucune chemise du Nanto (de fourrure) ne résiste à la toute puissance du Hokuto » vous direz un Kenshiro impassible, « contrefaçon Tsui Harkienne…tu veux un mouchoir ?! » s’écrirait Van Damme… et naturellement, c’est lui qui aurait raison. Ok, fini de plaisanter, faut que je vous parle de Knock Off aka Piège à Hong Kong.

knock off

Tsui Hark est un dieu vivant du cinéma, n’importe qui vous le dirait. D’ailleurs si l’on devait résumer l’histoire de l’univers en trois points clés, il y aurait le Big Bang (le 1er je précise, pas Michael Bay) puis les Dinosaures (les vrais là aussi, pas ceux en animatronics de la série de Jim Henson) et enfin Tsui Hark. Bon c’est vrai que pour le Big Bang et les Dinosaures je les surestime un peu, les remplacer respectivement par Bruce Lee et Godzilla serait largement plus approprié.

Le fait est qu’au milieu des années 90, à l’approche grandissante de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, Tsui Hark fait ses valises pour Hollywood.

Hard Target
A l’instar de ses comparses John Woo & Ringo Lam, Tsui Hark sera accueilli à Hollywood, by a Movie Star called Jean Claude Van Damme. Ici avec John Woo en 1993 sur Hard Target aka Chasse à l’Homme (la photo parle d’elle-même).

Mais avant de parler de Knock Off, je suis obligé de vous dire quelques mots sur le film qui l’a précédé, inénarrable Double Team sorti en 1997, 1ère collaboration du duo Hark/Van Damme. Gloubi-boulga de kitch improbable, immortalisé par les looks arc-en-ciel de Dennis Rodman (et les cyber-moines :mrgreen: ), entrecoupé néanmoins de quelques magnifiques fulgurances Harkienne… le métrage ne nous laisse malheureusement qu’à de brefs instants imaginer le grand film qu’aurait pu être Double Team, si le génie de notre vénérable auteur Hongkongais, ne c’était pas fait brider par de trop importants différents artistiques avec son acteur principal.

Malgré ce cuisant échec hollywoodien, Tsui Hark obtient néanmoins l’aval du distributeur américain Tristar, pour tourner un nouveau film l’année qui suit, cette fois délocalisé à Hong Kong. La légende urbaine entourant le tournage de Knock Off, raconte que le réalisateur aurait fait le film pour se venger du comportement de JCVD sur Double Team. Rumeur avérée ou non, vue la qualité de mise en scène du métrage, on a déjà vu bien pire humiliation. L’acteur belge a beau y incarner malgré lui, un personnage malmené pas très fute-fute, ça fait aussi parti du mood donné au film (JC Van Damme nous a également prouvé depuis, qu’il avait beaucoup d’humour et un grand sens de l’auto-dérision), du coup je trouve qu’avec les années, son rôle en est finalement devenu très attachant. Son apparition mémorable en fredonnant de la Canto-pop au volant de sa décapotable, restera à jamais un grand moment de cinéma, perso j’adore !

 

Knock knock
JCVD au côté de son sidekick de compet’ olympique, le très peu supportable Rob Shneider…

Bon, j’admets que vu comme ça, le film a tout l’air d’un nanar camouflé derrière un plaisir coupable de cinéphile. Mais en réalité, le scénario est beaucoup plus subtil qu’il n’y parait. En fait, Tsui Hark, en grand magicien de l’esbroufe, nous a carrément pondu la contrefaçon ultime du film d’action. C’est à dire que non seulement l’histoire du film se situe dans le milieu de la contrefaçon, mais également que l’auteur s’amuse à falsifier tous les codes inhérents au cinéma d’action, pour les détourner à l’extrême jusqu’à la limite du ridicule. Paradoxalement à ça, lorsqu’on voit comment chacune des scènes est orchestrée, avec un tel degré de maîtrise et de génie, que ce soit au niveau du choix des prises de vue ou bien des mouvements incroyables de la caméra (le plan immersif de dingue dans la chaussure etc…), on finit obligatoirement par se dire, qu’il nous vend volontairement une grosse blague. Et d’ailleurs ce n’est pas un hasard, si en grand maître du cinéma qu’il est (THRTW ™ n’est-ce pas ?!), réalisera deux ans plus tard (mais cela n’engage que moi), le plus grand chef d’œuvre du film d’action de tout les temps, aka l’extraordinaire Time & Tide (ouais, ouais, devance même Hard Boiled d’un cucaracha 😎 ). Du coup, on pourrait presque considérer Knock Off, comme le brouillon dégénéré de son illustre successeur.

Pour en revenir à son côté film d’action « parodique », (attention on n’est pas dans de la parodie référentielle façon Naked Gun ou Hot Shots !) non le propos du film reste sérieux, très 1er degré golmon, en revanche l’absurdité des situations que traversent les protagonistes à un rythme effréné (en plus d’être eux-mêmes complètements à côté de la plaque), couplée à la multiplication de twists improbables enquillant sur des scènes d’actions toujours plus dingues…contribuent à faire du métrage une référence culte du cinéma d’action décomplexé.

mandarin
The Mandarin could have said : « Knock Off is the best movie I’ve ever seen. »

Personnellement, Knock Off c’est un peu le Bad Boys II made in HK d’avant garde… et est probablement à la ‘contrefaçon’ du film d’action, ce qu’est Iron Man III aujourd’hui, aux films de super-slips.

Le casting à part ça, j’en ai pas trop parlé…donc mis à part notre cher JCVD qui était assurément à l’époque au sommet de sa carrière (sans dec’, je précise au cas où), le reste de la distribution est plus ou moins de bonne facture. Le casting féminin est plutôt sympa, Lela Rochon et Carman Lee (pour le peu qu’elle apparaît), incarnent de manière assez honnête, leur rôle de nanas prêtes à en découdre. En revanche, pour ce qui est du cast’ masculin, c’est une autre paire de manches… Si Michael Wong fait son taf de façon plutôt correcte, Rob Shneider lui…j’ai vraiment du mal à lui trouver des qualités… En tout cas il est pile dans la tonalité du film, mais il nous file quand même grave la migraine. Pour sa défense, je dirais que le doublage VF façon Chandler Biiiing, n’aide pas non plus. Enfin, oubliez le charismatique parrain des Goodfellas (Les Affranchis), Paul Sorvino ne fait rien de plus ici, que le minimum syndical demandé.

 

knock3Pour conclure, j’admets que Knock Off n’est peut-être pas le 1er film à regarder pour s’initier à la richesse inestimable du cinéma de Tsui Hark (nous verrons ça dans bien d’autres chroniques). En revanche, le film n’en reste pas moins un gros plaisir de cinéma régressif, débordant d’idées sur chaque centimètre de pellicule, ce qui est déjà amplement suffisant pour passer une excellente soirée, riche en dépaysement.

 

Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donné envie de découvrir ou redécouvrir, cette joyeuse pelloche de dingueries 90’s.

Sayonara Bye bye !!