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Dossier Manga/Anime : Dragon Ball ドラゴンボール, 30 ans de culte capillaire (Part II) !!!

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Poursuivons tout de suite notre dossier sur les 30 années de publication de Dragon Ball.

Dans la première partie je revenais sur les origines de la saga et sa filiation avec de nombreuses œuvres assez proches de cet univers.

Cette fois-ci, abordons maintenant le cœur de l’histoire et nous replongeant dans les années de la Dragon Ball Mania !!

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Alors, vous allez rapidement vous rendre compte que je vais très régulièrement faire un parallèle entre le manga et l’animé, tant l’un et l’autre ce sont avérés complémentaires dans le succès de l’œuvre (et tout spécialement en France).

club dorothée logoSi au Japon le succès du manga vint immédiatement en 85, avec la diffusion de l’animé dès 1986, la France elle, ne connut l’animé qu’en mars 1988, tandis que le manga ne fit son apparition en kiosque qu’en janvier 1993, soit presque 5 ans après !! La version Z de l’animé était par ailleurs déjà diffusée depuis fin 1990. Rendons à ce propos hommage au légendaire Club Dorothée, symbole emblématique des années où l’on diffusait encore des animés de qualité sur les canaux hertziens. (Une époque révolue depuis bien longtemps maintenant…les nombreuses croisades anti-mangasses golmon menées en ces temps-là par on sait qui, auront malheureusement réussi par porter leurs fruits). Fort Heureusement, les entraves des politiques et de la télévision, n’empêcheront pas ce marché artistique de se développer et de connaître le succès populaire et culturel qu’on lui connaît aujourd’hui.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt devrai-je dire à nos boules du dragon…pour enfin débuter notre quête des Dragonballs.

Outre les éléments relatifs au célèbre conte chinois du Voyage vers l’Occident (évoqué part I), c’est la manière dont Toriyama les introduit de manière décalée dans son histoire, qui rend immédiatement Dragon Ball attachant. Détournant la mythologie chinoise avec humour et finesse, il se réapproprie les codes du conte avec une parfaite aisance et en recrée son propre univers. Dès lors, le monde de Dragon Ball offre des possibilités infinies, où magie, animaux qui parlent, dinosaures, démons, robots et extra-terrestres peuvent cohabiter de façon parfaitement crédible. Ajouter à cela, l’invention géniale des capsules dites Hoi-poi (filiation directe avec les créations délirantes de Dr Slump et la passion de l’auteur pour la mécanique) et une richesse de background au design unique, que ce soit au niveau de l’architecture, des véhicules, des fringues et j’en passe…. Akira Toriyama a réussi à créer, à partir d’un conte mythologique du XVIème siècle, une version contemporaine alternative de notre monde, qui n’a à l’heure actuelle pas pris une ride, et ce malgré les avancées modernes et technologiques qu’on connut nos 3 dernières décennies.

qvolt
De la fiction à la réalité il n’y a qu’un pas, puisque Mr Toriyama a élaboré en 2005, le design d’une petite voiture électrique, nommée Qvolt, produite en 9 exemplaires dans 5 colories. (Et oui, j’aimerais trop en avoir une ^^)

Concernant la suite, plutôt que de passer au crible chaque arc du manga, (que vous connaissez déjà certainement par cœur), je vous propose à la place, de nous intéresser à 3 éléments clés de l’univers de Dragon Ball, qui furent à mon sens, plus que jamais en relation étroite avec bon nombre de thématiques marquantes de certaines œuvres majeures que connut la pop culture, au cours de ces 30 dernières années.

Les vagues déferlantes & boules d’énergie.

L’un des principaux attraits du Manga reste sans nulle doute ses combats. Si les arts-martiaux et en particulier le Kung-fu, établirent la base des divers enchaînements de mouvements (au dynamisme légendaire), assez rapidement l’histoire va s’élargir à des techniques faisant appel à une libération de Ki ou d’aura, sous la forme de rayons de lumière à la puissance dévastatrice. Ce type de technique à base de projections de boules d’énergie se retrouve par ailleurs très régulièrement dans les œuvres de fantasy chinoise. Le succès mondial du film Zu et les Guerriers de la Montagne Magique signé Tsui Hark en 1983 (lui-même emboîtant le pas à l’excellent Buddha’s Palm sorti un an plus tôt), contribua pour beaucoup à la remise au goût du jour de ce type de super-pouvoirs. De même que la technique de « la danse de l’air » présentée dans le Manga comme une technique de lévitation, pourrait être également vue comme une modernisation des voltiges aériennes qu’exécutent les artistes martiaux asiatiques, dans les contes mythologiques chinois et œuvres de Wu Xia Pian. Zu-Warriors

Enfin, si de très nombreuses projections d’énergie furent inventée tout au long de la publication du Manga, la vague déferlante la plus célèbre, restera sans nul doute celle du Kamehameha !! Posture reprise à maintes reprises depuis, du Hadoken des jeux Street Fighter, au récent Leo Bazooka de Luffy dans One Piece, cette position si particulière des 2 mains, ramène instantanément à l’imagerie de la technique de Dragon Ball. (Il ne s’agissait pourtant au départ, ni plus ni moins que d’une posture martiale parmi tant d’autres, couramment utilisée dans le monde des arts-martiaux et qu’on retrouve plus spécifiquement encore une fois, dans la pratique du Kung-Fu…)

Les Tournois.

Toujours lié au monde des arts-martiaux, il y a pratiquement eu dans les années 80/90, un véritable phénomène de mode relancé autour de la sphère des combats, c’est celui des tournois. Comment évoquer Dragon Ball sans ce fil conducteur des tournois, tant il revient de manière récurrente tout au long de l’œuvre, de manière officielle ou non officielle. Tournoi des arts-martiauxDurant l’ensemble du Manga, on peut en compter pas moins de 5 officiels (3 durant la jeunesse de Goku se déroulant intégralement et 2 pendant sa vie d’adulte qui seront néanmoins interrompus), plus 2 non officiels (celui organisé par Baba la voyante ainsi que le Cell Game). On pourrait également ajouté le passage dans la Tour du Muscle qui un hommage au dernier film mettant en scène Bruce Lee, Game of Death. streetfighter2Plus dans le DBZverse, comptons le tournoi du royaume de morts des filers de DBZ et également le Film 9 centré sur Bojack. Si dans le monde du cinéma, Enter The Dragon sorti en 1973, avec une nouvelle fois Bruce Lee dans le rôle principal, reste à ce jour la référence indétrônable du film de tournoi, l’excellent Bloodsport sorti en 1988 avec Jean-Claude Van Damme, est également devenu un véritable film culte qui marqua à jamais l’esprit des cinéphiles et fit de Van Damme une Star. A noter la présence du charismatique Bolo Yeung en antagoniste des 2 métrages précédemment cités.
Il n’était d’ailleurs pas rare non plus, de voir dans de nombreux Neo Wu-Xia, une partie tournoi s’immiscer au sein du récit (Je dis bien « une partie » car la plupart des films hongkongais de l’époque débordaient tellement d’ingéniosité, qu’ils arrivaient à caser l’équivalent d’une trame narrative de 3 films en à peine 1h30 ! Quels génies 😎 ). De même que pour le cinéma, la vague des jeux-vidéos de baston, similaires à des tournois manche par manche (le mode tournament était d’ailleurs bien souvent inclus sur les versions console) inondèrent le marché à partir des années 80. Ces nombreux jeux issus des bornes d’arcades japonaises, vont connaître un véritable engouement dès 1987 avec l’arrivée de Street Fighter 1er du nom. Puis d’autres licences toutes aussi cultes suivirent dans les 90’s telles que Fatal Fury, Mortal Kombat, Tekken, King of Fighters, sans oublier les déclinaisons plus éloignées (avec utilisation d’armes blanches) comme Samurai Shodown, ou The Last Blade (bien qu’éloigné du registre « histoire tournoi », mais dont la transformation du héros est inspiré du Supaa Saiyajin)… Enfin, pour en revenir au registre du Manga, le Shonen Jump publiait également à cette même époque dans son magazine, Yu Yu Hakusho de Yoshihiro Togashi, qui comptait au même titre que Dragon Ball d’exceptionnels tournois au sein de son histoire.

Level up & Filiation générationnelle.

Super SaiyajinS’il y a bien eu un tournant décisif dans l’histoire de la saga, c’est bien celui de l’affrontement contre Frieza et de la métamorphose de Goku en Supaa Saiyajin aka le guerrier légendaire. Cette transformation caractérisée par un changement de couleur de cheveux, virant principalement du brun, au blond or, est devenu le symbole du Level-up made in Dragon Ball.  L’idée de proposer une caractérisation de level up par un subtil détail physique (plutôt que d’opter pour une prise de masse classique, ou l’apprentissage d’une technique imparable) était ainsi plutôt bien trouvé. D’autant que Mr Toriyama ne va uniquement se reposer sur une simple escalade de power up pour poursuivre son histoireLentement mais sûrement l’auteur va faire progressivement avancer son récit, vers un ressort scénaristique à l’exercice souvent assez périlleux et que finalement très peu d’auteurs auront réussi à raconter avec autant de brio et de justesse, le passage de témoin générationnel. A l’heure où sequel, reboot & remake nous sont servis à toutes les sauces, avec une pertinence plus ou moins discutable, Akira Toriyama dans un formidable passage de flambeau de père à fils (Goku à Gohan lors du Cell Game) va permettre à sa franchise de continuer d’avancer de la manière la plus évidente qu’il soit, sans toujours avoir à compter sur son unique héros principal pour défendre la Terre.

C’est sous cet angle qu’il va aborder la dernière partie de sa saga (l’arc Buu). Sa construction narrative plaçant la nouvelle génération au 1er plan, s’en retrouve ainsi parfaitement équilibrée sans pour autant délaisser leurs ainés. Le retour temporaire de Goku avec l’apprentissage de la fusion et sa transformation spectaculaire en SSJ3, de même que le magnifique sacrifice de Bejita, puis leur fusion ultime en Bejitto, sont autant de moments clés aussi surprenant que mémorables tout au long de cet arc, que d’autres précédemment rencontrés dans la saga comme au hasard l’arrivée de Trunks du futur, le voyage sur Namek, etc, etc… Mais revenons à nos moutons, Gohan, Goten & Trunks sont ainsi les trois principaux héros de cette dernière partie d’aventure. A ce titre, je trouve avec le recul des années que l’arc narratif de Gohan est admirablement mis en place. Le guerrier le plus fort de la Terre, reste un ado qui n’aime pas se battre et préfère se consacrer aux études (tout le contraire de son illustre père en somme). Il va au lycée, rencontre des filles (l’évolution de sa relation avec le personnage de Videl est admirable de naturel) et joue de temps à autres les super-héros (les sentai surtout) car c’est quand même pas quelqu’un comme les autres^^. On baigne ainsi dans une atmosphère tranche de vie, qui s’inscrit dans la parfaite lignée des teen movies qui abondaient à l’époque et ça fonctionne du tonnerre. (Dans l’animée cette partie dure d’ailleurs un peu plus longtemps il me semble, avec quelques fillers très sympas comme toujours dans DBZ.)

Jump 95
Couverture du Jump datant de 95 : La génération Père/Fils à l’unissons face à l’ennemi…Une combinaison grandiose faisant magnifiquement écho à la précédente combinaison d’attaque « virtuelle » de Gohan/Goku face à Cell…

Avec l’arrivée de Buu, le personnage de Gohan va néanmoins être durement mis à mal. Jugé moins fort qu’auparavant par son entourage, gravement blessé et même présumé mort, il n’est plus en état de protéger la Terre. Devant ainsi se reprendre en main, c’est en terre des dieux que nous allons assister à son passage à l’âge adulte, avec son élévation en Mystic Gohan. Très proche physiquement du Gohan adulte entraperçu dans le futur de Trunks (et surtout le magnifique TV spécial) son personnage gagne alors énormément en maturité, mais échouera cela dit une nouvelle fois face à son ennemi, car malgré tout rien ne remplace l’expérience des ainés. Ce seront finalement nos héros de la 1ère heure qui auront le fin mot face à Buu, avec un Goku, s’élevant au passage au rang martial ultime, celui de la sagesse, capable de pardonner à son ennemi d’aujourd’hui, pour qu’il se réincarne en allié de demain (Uub).

Je ne m’attarde pas trop sur le cas de Goten & Trunks, leurs personnages apportent énormément de fraîcheur à cet arc et leur version fusionnée Gotenks donne lieu à quelques gags et techniques martiales particulièrement fendards, à l’image de certaines techniques improbables de Goku jeune, au début de Dragon Ball.

A noter également que le design de chacune des transformations de nos héros, toutes plus héroïques les unes que les autres, est absolument somptueux (Majin Bejita < Goku SSJ3 <Gotenks < Mystic Gohan < Bejitto).

Ainsi, Dragon Ball aura entretenu tout au long de sa publication le statut d’une œuvre visionnaire à la renommée planétaire, qui redéfinira profondément les standards du Shonen et influencera bon nombre de Mangakas des générations suivantes et actuelles.
Ajoutez à cela la qualité exceptionnelle de son animé, qui grâce à la réalisation de tout premier ordre de Nishio Daisuke, arrivait à donner une dimension encore supérieure à l’ampleur apocalyptique de certains affrontements. Et que dire de sa musique magistrale orchestrée de main de maître par le fabuleux compositeur Kikuchi Shunsuke, dont les inoubliables morceaux resteront à jamais indissociables de l’œuvre…oui, oui, je dis bien indissociables
(Nan sérieusement, ça vous viendrez à l’esprit de regarder C’era una Volta il West sans la musique d’Ennio Morricone…eh bien là c’est pareil). Enfin un petit mot également sur les extraordinaires films animés & TV spéciaux, aux combats tous plus titanesques les uns que les autres, face à des ennemis ultra charismatiques enrichissant chaque fois un peu plus le background d’origine de la saga. Tous ces éléments ne feront que renforcer la stature de Dragon Ball et la diffusion de l’animé DBZ en fera définitivement un véritable phénomène de société mondial, dans le courant des années 90.

Vous vous souvenez tous les goodies qui sortaient sur la franchise à l’époque, on en trouvait partout, dans n’importe quel magasin, c’était fou !! De mémoire il ne devait y avoir que des licences comme Star Wars ou Batman pour bénéficier d’une diffusion merchandising aussi massive et encore… Et ses cartes, mamaaa comme elles déchiraient ! Ses Cardass et les Power-Level… Des journées à écumer les marchands de journaux ou à s’échanger les cartes, pour espérer chopper une double-max-suite-brillante. Ça, c’est le genre de truc qu’il faut avoir vécu pour comprendre l’engouement que c’était… Il y avait un côté « quête du Graal » qui n’aurait certainement plus la même saveur aujourd’hui, avec le net et tout le bazar. (J’imagine ce que ça devait être pour ceux qui recherchaient des films hongkongais ou japonais, jusqu’alors inédits dans nos contrées). D’ailleurs, si certains d’entre vous ont l’occas’ d’aller traîner à Tokyo du côté de Nakano Broadway, une des boutiques à l’étage vend encore de ces cartes à l’unité, pour ceux qui voudraient compléter leur collec’.

gokuMalheureusement toutes les bonnes choses ont une fin, le manga tirera finalement sa révérence en juin 95 et l’animé fin janvier 96…mais malgré les nombreuses années écoulées depuis, il me suffit néanmoins de me replonger ne serait-ce que quelques instants dans n’importe quelle page du Manga ou n’importe quel épisode de l’animé, pour me dire que l’œuvre n’a absolument rien perdu de sa superbe et dégage toujours avec la même force, ce souffle d’aventure épique qui me fait instantanément me dire, qu’il s’agit vraiment d’un chef d’œuvre à part. Goku restera également à jamais à ce titre, l’une des figures (super-)héroïques les plus grandioses jamais créée. Plus qu’un classique, une saga inégalable.

Voilà donc pour ce dossier consacré aux 30 ans de Dragon Ball.

Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donné envie de lire/visionner ou relire/revisionner ce monument du manga et de l’animation.

Sayonara, Bye bye !!