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Critique Film : The Taking of Tiger Mountain 智取威虎山, THRTW à ski !!!

Tsui Hark est de retour et comme toujours avec lui son cinéma rules the world, mais cette fois-ci, il a décidé de le faire à ski !!

The Taking of Tiger Mountain, aka in french La Bataille de la Montagne du Tigre est sorti cette semaine dans nos salles hexagonales…et même si sa distribution sur grand écran reste assez réduite, il en faudra plus pour nous empêcher d’aller voir le nouveau film du plus génial réalisateur de tous les temps en activité !

Je vous laisse jeter un œil au teaser pour vous mettre en bouche, et je vous récupère juste après pour dévaler la piste.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le film est sorti l’an passé pour les fêtes de fin d’année en Chine, donc bon, même si dans notre cas, on aura davantage tendance à aller le voir en tongs qu’en moon boots, cela ne changera absolument rien, au plaisir de dégustation de cette formidable friandise glacée, à laquelle nous convie il maestro Tsui Hark.

Une fois de plus, notre génie asiatique nous régale d’un spectacle de plus de 2 heures (2h 20 pour être précis), où les genres : films de guerre, d’espionnage, d’action, d’aventure, de romance et même de comédie (avouons que tout ceci n’est jamais à prendre très au sérieux), s’entrecroisent dans un déluge d’inventivité made in HK (où plutôt devrais-je dire made in Film Workshop), comme on pouvait s’en abreuver à la grande époque des 80’s/90’s, le tout sur une durée plus étendue et la 3D en plus. Une 3D qui comme sur Young Detective Dee l’année dernière, s’avère hyper divertissante… Tsui Hark s’amuse comme un gosse à nous impliquer dans son show, tout en multipliant les effets de mise en scène lors d’explosions, bullet time, etc.. la projection cinéma se transformant ainsi en une véritable attraction, à 10 000 lieux des 3D d’ambiance plate et monotone, dont les Megane te filent la migraine pour la journée.

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Du délire, il y en a donc à foison dans ce Tiger Mountain et si l’histoire est menée par ses nombreux protagonistes (à foison eux aussi) avec un réel degré de tension et de sérieux, on baigne constamment dans une ambiance infiniment pulp et méta.

De la stylisation extrême de l’ensemble des personnages ennemis, à l’immersion introductive au sein du récit…( Mini Spoil : Le récit débute à notre époque (pendant les fêtes de fin d’année, justement), où le protagoniste qui nous est présenté, tombe sur une version télévisée de la pièce Tracks in the Snowy Forest, interprétée par l’opéra de Pékin et hop nous voilà lancés dans l’aventure, pratiquement sous-entendu à l’intérieur même de la pièce. Ainsi, est-on propulsé en 1946, au sein de la réelle histoire ou bien d’une version fantasmée, ou bien les deux à la fois ?…vous le saurez en allant voir le film…)

tiger5Souhaitant adapter ce roman d’après guerre (ultra populaire en Chine) depuis de nombreuses années, on ne peut que saluer une fois encore, cette volonté que possède Tsui Hark, de façonner sa carrière à travers la réactualisation des grands classiques du patrimoine culturel chinois et sa capacité extraordinaire à les moderniser comme personne, par le biais des moyens cinégéniques dont il dispose. A ce titre, on se doute bien à la vision du métrage, que le réalisateur n’aurait jamais pu adapter le film de cette façon, sans un budget suffisamment conséquent et les moyens technologiques de notre époque. Le spectateur pointilleux pourra toujours émettre une réserve, concernant certains effets spéciaux au rendu artificiel trop visible, mais ceci restera finalement bien dérisoire, comparé à la générosité du spectacle qui nous est offert. En revanche, si la rencontre du héros face au tigre vous a laissé de marbre…alors là, je ne peux plus rien faire pour vous. 🙁

 

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Zhang Hanyu, le prochain James Bond ?…

A ce propos, parlons-en de ce héros et de l’ensemble de ce casting plus précisément. Je ne connaissais absolument pas l’acteur Zhang Hanyu, qui interprète le principal protagoniste de l’histoire, eh bien son interprétation m’a bluffé. Son personnage d’espion mystérieux déborde de charisme. Il incarne à la perfection cette figure emblématique du héros ambigüe, taciturne et solitaire, mais en qui on peut facilement (à tort ou à raison) décider de confier sa vie. Je passe ensuite rapidement sur la distribution du camp des (nombreux) alliés, qui font tous le job correctement, sans pour autant être mémorables. Nul doute qu’il s’agisse là encore, d’une volonté du réalisateur de vouloir les représenter de manière plus anonyme que son véritable héros, même s’ils en sont eux aussi… (Rappelons à juste titre que le principal propos du film sert avant tout à rendre hommage à ces héros de l’ombre, ceux que l’on oublie avec le temps, ou ne cite jamais en évoquant l’Histoire avec un grand H…) mais demeureront en ce qui les concerne, principalement via l’uniforme, dans une caractérisation visuelle assez générique de soldats…

En revanche, concernant les (également nombreux) antagonistes du film, il en va tout autrement… Chacun des huit membres de la garde rapprochée du terrible Lord Hawk, a droit à un look et des capacités bien spécifiques. Ils sont facilement reconnaissables et dotés d’une caractérisation singulière bien fournie. L’atout charme du film est interprétée par la belle Yu Nan, dont je préfère ne rien vous dévoiler sur l’importance de son rôle. (Comme toujours, Tsui Hark arrive à faire de son personnage féminin une pièce maîtresse de son échiquier, même lorsque ce dernier est doté d’une composition essentiellement masculine).

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Heihachi Mishima ? Non, Lord Hawk
Tony Leung Ka-Fai, en vrai…

Enfin, j’ai gardé le meilleur pour la fin, un Tony Leung Ka-Fai totalement méconnaissable, dans le rôle du terrifiant Seigneur des bandits Lord Hawk, terré dans son incroyable forteresse d’acier au design mégalo très Steampunk. L’acteur de renom, toujours aussi à l’aise pour incarner des rôles d’infâmes pourris, nous livre ici une interprétation magistrale du personnage, où seul son regard inspirant à la fois crainte et respect, permettra aux plus physionomistes de le reconnaître.

 

Que vous dire d’autre…le film m’a beaucoup fait pensé à The Raid que Tsui Hark avait réalisé en 1991 au côté de son ami Ching Siu-Tung, qui outre le contexte historique et Tony Leung déjà au casting, possédait à peu de choses près (mis à part les transitions façon BD) cette même ambiance pulp stylisée. De même, dans une moindre mesure, contexte historique oblige là aussi, mais également pour son aspect théâtral et probablement pour son côté espionnage/jeu de dupes, le métrage m’a également évoqué son fantastique Peking Opera Blues réalisé en 1986.

 

Que vous soyez un adepte du THRTW™ ou non, The Taking of Tiger Mountain est une proposition de cinéma à grand spectacle, comme seul le génie de Tsui Hark arrive à nous en proposer. Du pur entertainment où les morceaux de bravoures s’enchainent tels des wagons bardés d’explosifs, doublée d’une réflexion personnelle sur le mythe du héros, le tout dopé par une réalisation bourrée d’ingéniosité et d’idées folles, du grand art à l’asiatique tout simplement. Encore un chef d’œuvre supplémentaire, à ajouter à la liste interminable des grands faits d’armes de ce prodigieux conteur.

 

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Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donner envie de découvrir ou redécouvrir, cette grande pelloche héroïque !

Sayonara, Bye bye !!