Critique Film : The Mermaid 美人鱼, La Nouvelle Bombe OceanoWTF Signée Stephen Chow !!!

Petite chronique sur le dernier Stephen Chow en date, aka l’énigmatique The Mermaid 美人鱼… et première chose que je peux dès à présent vous dire pour commencer, c’est que le plus gros succès chinois de tous les temps, ne s’est pas retrouvé au top du box-off’ par hasard, car une fois encore The King of Hong Kong Comedy nous a confectionné une formidable friandise aux saveurs multiples !!

Dès l’intro, anti-spectaculaire au possible (du style vous voulez voir une sirène vous allez être servis ), le ton est donné. En moins de 20 minutes tous les perso (caméo de Tsui Hark inclus ) et enjeux (envoyer une sirène assassiner un riche investisseur en train de détruire leur habitat naturel) sont posés, et pour le reste place au show !! D’une durée concise d’1h 30, comme à la grande époque du cinéma HK, le film enchaîne les péripéties à base de situations absurdes, dialogues improbables et gags nawaks, jusqu’au final explosif, du pur Chow en somme !!

En revanche, ne vous attendez pas à quelque chose d’aussi spectaculaire que son précédent chef d’œuvre Journey To The West. Hormis son dernier 1/4 d’heure, le métrage revient à une forme de cinéma plus modéré dans l’action, une narration plus intime régulièrement entrecoupée de fulgurances non-sensiques, à l’image de ses réalisations 90’s pré-Shaolin Soccer, comme God of Cookery ou King of Comedy. En cela, le métrage trouve ainsi sa force dans un très juste équilibre à l’ancienne d’humour visuel (les tentatives loupées d’assassinat), d’humour dialogué (la plupart des autres scènes) ou des deux en même temps (la scène du commissariat totalement hilarante), sans opter pour une surenchère d’effets-spéciaux, bien que néanmoins très présents pour animer les nombreuses mermaids (mais là on parle donc davantage d’SFX d’ambiance). A noter également qu’il s’agit du film de Chow où l’esprit des arts-martiaux y est le moins présent à ce jour, pour ne pas dire même totalement absent.

Une romance impossible vient bien évidemment se greffer une nouvelle fois à l’intrigue. Avec le temps, c’est presque devenu une marque de fabrique des films de Chow, et c’est d’ailleurs en grande partie pour ça que je les aime autant. Malgré les années, il arrive toujours à les aborder en faisant preuve d’une débordante sincérité. La rafraîchissante innocence et naïveté avec laquelle les personnages dévoilent à chaque fois leurs sentiments, les rend à ce titre d’autant plus touchantes.

 

Oui, touchant, je pense que c’est également le mot juste (et un poil timbré aussi) pour qualifier la prestation des différents protagonistes qui composent le casting. Avec en tête de liste, la jeune et pétillante Lin Yun, propulsée tête d’affiche du métrage, dans une composition d’héroïne typiquement Chowienne, entre bagout prononcé, insouciance et spontanéité naturelle. Face à elle Deng Chao, dans un rôle très éloigné de son personnage d’albinos du 1er Detective Dee, surjoue dans la plus grande tradition de la comédie chinoise, on aime ou pas, personnellement c’est bien passé, même si on a toujours ce petit regret de ne pas voir Stephen Chow endosser lui-même ce genre de rôle, tant il semble taillé pour lui.

Les deux autres acteurs que vous pouvez voir sur votre droite, Zhang Yuqi & Show Luo (ça fait un peu guide de musée là non ?!), ont quant à eux déjà joué sous la direction de ce cher Mr Chow. La belle Zhang Yuqi, en diabolique femme fatale prête à tout pour arriver à ses fins (la violence non dissimulée du dernier acte , Stephen Chow s’imposant par la même occasion grand maître du Box-Off, et pourtant à total contre-courant des conventions du cinéma mainstream), est elle aussi totalement à contre-emploi par rapport au rôle qu’elle tenait notamment dans CJ7. Enfin Show Luo, déjà excellent dans Journey To The West (que j’avais il me semble omis de mentionner dans ma chronique), se tape pour ainsi dire les meilleures scènes comiques du film, dans son rôle d’homme-octopus malchanceux, mais terriblement attachant.

 

Naturellement, le film ne pouvait se clôturer sans délivrer un petit message écolo… Exercice toujours difficile pour un cinéaste, ce dernier préfère ici rester sur un propos à la fois simple et nuancé, ayant la pertinence de clôturer le film sur une note de douceur plutôt bienvenue. Le cinéma de Chow n’ayant par ailleurs jamais eu vocation de se vouloir donneur de leçons, les petites notes à la fois humanistes, sincères et positives qui parsèment ici et là l’ensemble de son œuvre, n’en confèrent pas moins à ses films, un statut de fables ou contes cinématographiques des plus honorables.

A tous ceux qui craignaient peut-être que le cinéaste s’assagisse en nous livrant une sorte de Ponyo live…soyez rassurés, le cinéma de Stephen Chow n’a rien perdu de sa folie singulière. Entre comédie, romance, drame, action, fantastique et intermède musical, The Mermaid est à l’image des précédents métrages de l’auteur, un nouveau divertissement fantaisiste et inclassable débordant de fraîcheur et de sincérité.

Après ça, on attend maintenant avec d’autant plus d’impatience de voir quel spectacle Chow et Tsui Hark vont nous réserver, pour la suite des aventures de Journey To The West ! Oui, je sais, je rabâche, mais bon, en même temps, c’est un peu l’évènement cinématographique du siècle, alors…

 

Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donné envie de découvrir au plus vite, cette délirante fable océano(cinémato)graphique !!

Sayonara, Bye bye !!