HK / China Pian

Critique Film : See You Tomorrow 摆渡人, Cocktail Nawak A Consommer Sans Modération !!!

Attention, OVNI en approche immédiate !! Voilà le genre d’objet non identifié qu’on aime voir débarquer d’Asie et autant dire que si votre mood (for love) n’est pas d’humeur festive, ce joyeux foutoir risque de vous laisser très rapidement sur le carreau. Comédie de fête, comédie de drague, comédie culinaire, comédie musicale, See You Tomorrow est un peu tout ça à la fois, avec une bonne dose de romantisme non-sensique comme seul les asiatiques ont le secret.

A l’origine développé comme la nouvelle réalisation de Wong Kar-Wai sous le titre The Ferryman, ce dernier ne sera finalement crédité ici qu’en producteur et co-scénariste du projet, déléguant le poste de réalisateur à Zhang Jiajia, dont il s’agit là du 1er passage derrière la caméra. Cependant ne vous y trompez pas, de très nombreux effets visuels, tout comme certaines ritournelles narratives, de même que la voix-off, rappellent indubitablement le style du maître hongkongais. Néanmoins, là où le métrage risque d’en décontenancer plus d’un, c’est avant tout par rapport à son rythme effréné, ses situations surréalistes et son humour très particulier, très éloignés des réalisations du cinéaste aux lunettes noires. Cela dit pour les connaisseurs du cinéma hongkongais, l’excentricité du métrage sonnera comme assez raccord avec les précédentes productions récréatives signées Wong Kar-Wai.  Je pense en particulier à Eagle Shooting Heroes, réalisé en 1993 par Jeff Lau, à l’époque où WKW  travaillait en parallèle sur l’éprouvant Evil East, Malicious West aka Ashes of Time.

 

Côté casting on est là aussi en terrain connu, puisque Tony Leung Chiu Wai, éternelle tête d’affiche du cinéaste, est une nouvelle fois au centre de la piste, secondé par Takeshi Kaneshiro qui retrouve l’univers de WKW,  20 ans après le diptyque Chungking Express/Fallen Angels. Tony  endosse donc ici le rôle de patron du See You Tomorrow Bar, mais incarne avant tout celui du fameux Ferryman, une sorte d’expert dans la réparation des cœurs brisés…métaphoriquement, on pourrait dire qu’il est le chauffeur de ferry qui vous aide à accoster sur l’autre rive, à passer à autre chose en quelque sorte. Chose étonnante à relever, la ville où se déroule l’action n’est jamais mentionnée (semblant presque imaginaire et hors du temps), alors que le ferry, tout comme la grande roue qui apparaît à de nombreuses reprises, sont deux éléments indissociables du Victoria Harbour hongkongais. Le métrage étant par ailleurs parlé en mandarin et non en cantonais, le décalage culturel et spatial n’en est que plus…plus…enfin rien ne suis les règles de la logique dans ce métrage de toute façon… Quand à Takeshi Kaneshiro, il hérite certainement du rôle le plus perché d’entre tous, à la fois DJ et ancien bosozoku, roi de King of Fighters sur borne d’arcade.8-)

Le casting féminin est également bien sympa, avec en première ligne la rafraichissante AngelaBaby, apprentie du Ferryman cherchant à donner un second souffle au perso d’Eason Chan (dans un rôle d’ex-gloire du rock à la dérive). Les moins connues Sandrine Pinna  en Chef amnésique & Jennifer Du (que l’on voit malheureusement trop peu) en mystérieuse préparatrice de cocktails, ont chacune malgré un temps de présence plus limité, des seconds rôles suffisamment bien définis pour ne pas laisser indifférent.

 

Avant de conclure, parlons maintenant du principal point fort du métrage…sa direction artistique et en particulier sa photographie. Peter Pau  livre certainement ici l’un des travaux les plus aboutis de sa prestigieuse carrière. Le film est une claque esthétique phénoménale, on en prend plein les yeux à chaque plan, ça fourmille de détails et de couleurs du sol au plafond, le film pourrait presque se laisser regarder sans le son, histoire de juste apprécier le travail sur l’image. Côté son cela dit, le métrage n’est pas en reste, grâce à une BO nostalgique qui déménage, reprenant bon nombre de grands classiques mandarins, cantonais, us et même japonais. De l’inoubliable Forgotten Time de Tsai Chin  dans Infernal Affairs, au cultissime 黃家駒 de Beyond  devenu mémorable dans des pépites HK comme My Heart is That Eternal Rose  ou Love is not a Game, But a Joke, en passant par le Old Time Rock N’Roll  dans Risky Business  ou carrément l’opening Kimi ga Suki da to Sakebitai de l’anime Slam Dunk (j’avais pas entendu ça depuis un bail tiens !) Sans oublier le thème principal qui rappelle énormément celui de Mission : Impossible… bref, il y en aura pour tous les goûts.

 

Pour résumer, bien que See You Tomorrow  ne soit clairement pas le type de long-métrage qui plaira à tout le monde…le film a malgré tout énormément à offrir, pour peu que l’on accepte de se laisser emporter par son univers haut en couleurs et décalé… En ce qui me concerne, je n’en attendais pas plus qu’un gros défouloir bien dépaysant et c’est en fin de compte exactement ce que le film m’a donné. Mission Complete…

Edit: heureux hasard, le lendemain de ma chronique, les Hong Kong Film Awards 2017 eurent lieu et See You Tomorrow  y fut à juste titre récompensé de 2 trophées. L’un attribué à Alfred Yau  pour la meilleure direction artistique, le second attribué Peter Pau et Cao Yu  pour la meilleure photographie. 2 prix qui vont naturellement ensemble et sont comme je l’avais souligné plus haut d’une qualité époustouflante. Le métrage mérite pour ma part assurément d’être découvert rien que pour ça !

 

Merci de m’avoir lu,

En espérant vous avoir donné envie de découvrir ce délirant cocktail festif.

Sayonara, Bye bye !!